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recourbée lui retombait tout entier sur l’oreille.

— Entrez ! disait-il, entrez ! Dans quelques instants vous verrez jouer la Glorieuse du grand Épicharme, Épicharme de Cos, que le peuple de Syracuse a si souvent couronné ! N’allez pas ailleurs ; vous n’entendriez que les mimes stupides de Sophron, ou ceux plus ridicules encore de Dinoloque. C’est ici que vous trouverez devant vos yeux le spectacle de la Comédie syracusaine. Que dis-je ? De la Comédie dorienne, de la vraie et inimitable Comédie ! Car, si l’on peut assurer que le dieu Bacchus lui-même inventa les jeux du théâtre avec ses compagnons les satyres, ce fut Épicharme qui, le premier après lui, eut l’honneur de plier la comédie satyrique aux lois de la scène, et de la rendre digne des citadins. Entrez tous, les petits comme les grands, les fous comme les sages ! Entrez ! Entrez ! Ce n’est qu’une drachme, — six oboles — la place ! Et, à ceux qui n’auraient pas été satisfaits, on rendra l’argent à la sortie !

Tout le monde n’entrait pas cependant ; beaucoup se contentaient de regarder la figure rouge du Phrygien, ses yeux éraillés et son bonnet de travers. Parfois, pour forcer davantage l’attention, il mettait un masque ; alors sa voix semblait devenir plus perçante, et toute la verbosité fougueuse de son être s’en allait par le même chemin, par le trou étroit du masque qui appelait éperdument la foule :