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les vierges de syracuse

renouvelé sans cesse, des ondes humaines que le courant portait et remportait comme des vagues battant un récif.

— Je ne vois pas du tout Théophraste, dit Damalis.

— Patience ! fit Gullis, on se retrouvera.

La femme de l’orfèvre continuait à fouiller la foule de ses yeux perçants. Tout à coup elle dit :

— Mais regardez donc là-bas, cette blonde vêtue d’une robe couleur améthyste qui passe plus fière qu’Artémis, sans même baiser l’orteil du dieu. Ne dirait-on pas Fanie, la petite épouse de Dorcas ?

— Elle-même, dit Rhodoclée. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes de se montrer seule aux endroits publics. Et dans un tel jour ! Il faut qu’elle ait une raison pour cela.

Gullis, qui n’avait pas quitté Fanie du regard, attendit qu’elle fût tout près et dans l’impossibilité de fuir. Alors elle l’interpella :

— Eh ! Fanie, petite lumière ! Que venez-vous faire par ici, si ce n’est rendre vos devoirs à Gélos ? Or, vous avez oublié, il me semble, de le saluer en passant.

Fanie releva la tête. Son visage un peu attristé, mais toujours revêtu de douceur, eut un sourire indécis.

— Ce n’est pas pour le dieu que je viens en effet,