Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/176

Cette page a été validée par deux contributeurs.
154
les vierges de syracuse

polir ses statues ou ses médailles jusqu’au milieu de la nuit. Et de même du reste. Aussi il n’a plus que la peau sur les os, le cher homme ; mais cette peau est solide autant que le cuir d’une baleine.

— Ne vous plaignez pas, fit Damalis doucement ; tant que les Moires ne nous ont pas retiré la santé, il ne faut pas s’effrayer des autres maux.

— Vous dites vrai, répondit Gullis. Un rat vivant vaut mieux qu’un lion mort. Zeus me préserve d’ailleurs de me plaindre de mon époux ! C’est un homme comme il n’y en a pas un second dans Syracuse. Le renard fait des milliers de tours ; le hérisson n’en fait qu’un, mais il est bon. Ainsi Orthon, qui dans son métier n’a été surpassé par personne.

Cependant les enfants tiraient la main de leurs mères ; il y avait encore une centaine de pas avant d’arriver jusqu’au pied de la statue, dont la tête luisante émergeait d’un amas de roses. Les deux jeunes femmes se remirent en marche, accompagnées de Gullis qui semblait résolue à ne pas les quitter.

Mais la foule avait grossi autour d’elles. Au bout d’un instant Rhodoclée s’arrêta, découragée.

— Quelle cohue ! Jamais nous ne pourrons retrouver Théophraste parmi tant de visages !

— Comptez sur moi pour le reconnaître, dit Gul-