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les vierges de syracuse

dans les maisons parmi les sanctuaires domestiques, et dans les carrefours où il partageait les sympathies de la foule avec les jeunes Victoires aux ailes d’or. Il apparaissait même au seuil des temples, rappelant ainsi que la religion réjouit les hommes. Gélos était l’ami des enfants et des femmes, des vieillards et des jeunes gens ; il distribuait à tous ce bien suprême, la gaieté, huile qui assouplit les rouages, chaleur vivifiante qui brûle au foyer secret du cœur et se répand doucement au dehors.

Donc on fêtait Gélos ce jour-là, partout dans la ville, mais plus particulièrement au jardin des anciennes Latomies, où le dieu avait sa statue de proportions colossales. Chacun voulait la toucher du doigt, en faire retentir l’airain sonore. Ne fallait-il pas s’assurer qu’il était toujours aussi bien disposé pour ses fidèles ? On lui apportait des fleurs, on en jetait par brassées jusque dans sa bouche largement fendue, jusque dans l’orbite de ses yeux sans prunelles. Des fleurs multicolores et légères tombaient en cascades devant lui, semblaient les éclats mêmes de sa joie ; — tandis que, parmi les verdures éternelles du jardin, le torse nu et les bras en couronne, il offrait son front luisant et chauve aux rayons empourprés du soleil, cet autre dieu puissant de la gaieté.

Deux femmes parurent à quelque distance : c’était Damalis, qu’on surnommait la Jacinthe à cause de