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d’ossements, donnait à leur intimité un caractère plus sacré encore, et établissait entre eux une communion qui devait durer éternellement. Cependant, à mesure qu’ils approchaient du passage où ils allaient se quitter, Dorcas, à dessein, ralentissait sa marche. Le corps souple et chaud de l’hiérophantide répandait dans l’air un parfum léger d’encensoir, et ses voiles, mollement agités, semblaient la fumée même de l’encens. Et Dorcas songeait au jour où il l’avait portée dans ses bras, et où peu à peu elle s’était attiédie contre sa poitrine. Que de fois depuis il s’était demandé si elle avait eu conscience de leur longue et chaste étreinte, si elle avait senti, à travers les voiles qui l’enveloppaient, les battements tumultueux de son cœur !… Et, bien qu’elle parût évanouie encore quand il avait déposé sous le Portique son précieux fardeau, quelque chose en lui persistait à croire qu’elle n’était pas insensible. Jamais il n’avait osé faire la moindre allusion à cette heure troublante ; mais il lui semblait qu’aujourd’hui, enhardi par l’intimité de leur course commune, il allait pouvoir enfin laisser échapper de ses lèvres la question qui les brûlait depuis si longtemps…

Ils étaient arrivés devant le passage. Praxilla ouvrit la porte et Dorcas, dans l’éclair de cet instant, revit, accrochées à la paroi rocailleuse, les touffes de genêts fleuris qui, pareilles à de petits jets