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jamais fait. Comme il l’admirait ! Comme il l’aimait ! Un élan de tout son être le poussait à tomber à genoux devant elle, à baiser le bas de sa longue robe. Il se contint, retenu par la crainte du sacrilège. N’était-ce pas assez que tout à l’heure la main de l’hiérophantide eût touché involontairement la sienne ? Maintenant que l’enchantement de cette caresse s’était évanoui, un trouble superstitieux lui en restait. Sa seule terreur, sa seule inquiétude, était de perdre la présence de Praxilla. Le reste ne comptait pas à ses yeux.

Cependant, comme elle le quittait et lui jetait de sa voix aux inflexions harmonieuses : « Adieu Dorcas ! » il la supplia de lui permettre de l’escorter jusqu’à l’entrée du passage secret par où elle regagnait le Portique. Elle consentit, et il vint se ranger près d’elle.

C’était la première fois qu’ils marchaient ainsi, à côté l’un de l’autre, dans le même sillon de lumière, de cette lumière blanche et immobile qui semblait émaner des régions mêmes de la mort. À droite, à gauche, tout le long des rues étroites, la double rangée des tombeaux les enserrait dans du recueillement et du silence. Ils avaient cessé de se parler et ils avançaient, les yeux fixés sur la poussière impalpable du sol. On eût dit que de fouler ainsi d’un même pas égal et pieux cette poussière vénérable faite sans doute de chairs et