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les vierges de syracuse

Personne n’a pu pénétrer jusqu’ici. Voyez : tout est clos, tout est silencieux…

— Cependant, vous avez tremblé aussi, dit la prêtresse.

Il ne voulut pas avouer que c’était la main de Praxilla, en se posant sur la sienne, qui avait surtout causé sa pâleur et son émoi. En réalité il n’avait rien perçu de ce bruit, dont l’écho s’était sans doute confondu dans son oreille avec le tumulte lointain de la ville. Pourtant, afin de rassurer Praxilla, il dit :

— Quelqu’une des Vierges, en traversant l’hypogée, ne se serait-elle point détournée de son chemin ?

— Non, dit l’hiérophantide avec la certitude d’un chef qui se sait obéi de ses soldats ; les Vierges sont en ce moment autour de la fontaine Aréthuse. C’est l’heure où chaque jour elles se délassent en jetant aux poissons argentés du bassin les miettes des gâteaux que nous offrons à la Déesse. Je vous le répète, Dorcas, quelqu’un a dû nous surprendre.

— Alors, fit Dorcas, s’il en est ainsi, il faudra donc renoncer à nous revoir, Praxilla ?

L’hiérophantide s’était redressée sous ses voiles :

— Écoutez-moi, dit-elle ; nous avons fait un pacte et, quoi qu’il arrive, je le tiendrai. Si jamais quelque chose m’empêchait de revenir ici, ce ne pourrait être que la voix de ma conscience.

Elle avait repris sa quiétude habituelle, et Dorcas l’admirait et l’aimait plus encore qu’il ne l’avait