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les vierges de syracuse

œil les suivre dans ces ruelles silencieuses dont, seules, les Vierges de Perséphone avaient l’accès ? L’Éponyme lui-même n’y venait qu’à des époques prévues d’avance, quand s’ouvrait et se fermait pour la glorieuse fille de Déméter le cycle de ses étapes dans l’Hadès. Pour éveiller le soupçon, il eût fallu que Dorcas se trahît par sa propre imprudence. Or il évitait soigneusement dans ses paroles toute allusion au collège sacré des Vierges et surtout à l’hiérophantide ; quant à ses actes, il s’arrangeait de façon à ce qu’ils ne fussent point observés. Sa quiétude lui était donc très vite revenue et c’était le cœur libre de toute appréhension qu’il se rendait auprès de Praxilla.

D’ailleurs, il eût traversé le Styx aux ondes funestes pour la rejoindre. D’elle à lui, tout de suite, ces affinités subtiles qui lient et retiennent les âmes avaient tissé leur mystérieux réseau. Ils s’étaient reconnus fraternels, non seulement par la race, mais encore par les sentiments, comme ces héros parèdres dont les statues se voient dans les temples, assistant la divinité. Leurs aspirations, leurs désirs étaient semblables. Ils palpitaient des mêmes joies et souffraient les mêmes passions. On eût dit que la plus pure essence du patriotisme syracusain s’était concentrée spécialement en eux. Lequel, du soldat au mâle visage ou de la vierge dont le front restait invisible, possédait plus de