Page:Bertheroy - Les Vierges de Syracuse.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
les vierges de syracuse

Voilà longtemps que je le soupçonne d’agir en fraude, sans pourtant en avoir aucune preuve palpable. Aujourd’hui plus que jamais ce doute me poursuit. Y aurait-il un moyen de l’éclaircir ?

— Je n’en vois pas d’autre, dit Archimède, que de fondre le métal pour se rendre compte de sa composition.

Le vieux roi eut un geste découragé :

— Comment ? Pas d’autre moyen ? Pas d’autre ? N’est-ce pas déconcertant de pouvoir discuter sur la nature des étoiles et d’être sans discernement devant un objet que l’on peut toucher de la main ? Ce joyau est admirable. Voyez ces roses : elles respirent ; la sève est encore dans leurs pétales. Je ne puis me décider à y laisser toucher.

Archimède s’agitait :

— C’est impossible, tout à fait impossible autrement. Comment voulez-vous que sans cela je puisse m’assurer qu’il y a eu substitution ? Vous avez dû faire peser la couronne, sans doute ?

— Assurément, répondit Hiéron : cela a été mon premier soin. Son poids est égal à celui du lingot qui a été fourni à Orthon par Théophraste, mon trésorier, sous les yeux de Dorcas.

Archimède ne l’écoutait plus ; le front baissé, il avait repris sa marche à travers la salle, murmurant des paroles indistinctes. Puis, tout à coup, sans prendre congé de personne, il sortit.