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les vierges de syracuse

humait voluptueusement l’odeur du sang, de la souffrance et de la mort…

La partie liturgique du sacrifice était terminée. Hiéron descendit lentement les degrés du trône ; bientôt l’Éponyme disparut aussi, laissant aux sacrificateurs le soin de brûler l’hécatombe et d’en partager les morceaux à la multitude. C’était maintenant le peuple tout entier qui allait célébrer les rites de sa liberté : de tous côtés, des chants s’élevèrent sur le mode dorien, graves et virils, bien que les femmes et les enfants joignissent leurs voix à celles des hommes. On sentait que la musique était une fonction essentielle de cette race et pour ainsi dire sa seconde âme ; d’elle lui venait son « euphrosinè », sa joie secrète et sa force ; elle maintenait l’équilibre entre ses passions exaltées et son sens de la vie réelle ; dès le berceau, les nouveau-nés apprenaient à y plier leurs accents, et les jeunes filles s’exerçaient aux harmonieuses parthénies qui devaient charmer l’époux. Or, en ce moment, cette seconde âme du peuple de Syracuse s’élevait vers la Divinité en un seul et magnifique essor.

Mais bientôt d’autres divertissements succédèrent aux chants des hymnes. Les adolescents s’alignèrent sous les portiques et donnèrent aux vieillards le spectacle de la lutte. Leurs membres