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les vierges de syracuse

vêtrées de l’Achradine. On venait, pédestrement ou en char, des bourgades qui s’essaimaient dans la plaine, au delà du cours de l’Anapos ; il y avait des gens qui avaient marché depuis la veille et qui conservaient dans leurs mains un bâton noueux aussi gros que la massue d’Héraclès. Des femmes n’avaient pas craint d’amener leur plus jeune enfant et elles le portaient debout sur l’épaule à la façon d’une amphore. Et, pullulant comme des fèves dans les marais, les gamins surgissaient de tous les côtés à la fois, semblaient sortir d’entre les pierres.

Cependant, pareille à une trirème blanche attachée au rivage, Ortygie se balançait sur les flots. Calme et recueillie, elle semblait étrangère à cette animation : le palais du roi, le temple majeur d’Artémis, la citadelle et le Portique de la fontaine Aréthuse se diluaient dans la lumière vaporeuse dont les rayons s’effrangeaient sur elle, tandis que le soleil tombait à pic sur le centre de la ville, où se dressait l’autel neuf et brillant d’Hiéron. À cet instant le vieux roi sortit, accompagné seulement de Dorcas. Malgré son grand âge, il marchait à pied, ne voulant pas donner à son peuple l’exemple de l’ostentation. De même avait-il refusé pour cette fête de la Liberté de se faire escorter par sa garde habituelle d’hoplites. La seule marque de sa puissance était, sur ses cheveux blancs, la couronne