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les vierges de syracuse

avait voulu qu’ainsi fussent rassemblés sous l’œil du peuple tous les grands monuments qui lui rappelaient le triomphe de sa liberté.

Et certes rien n’avait été ménagé pour que le nouvel édifice fût digne de figurer parmi les splendeurs de la plus belle de toutes les villes. L’immense table où devait avoir lieu l’immolation était un morceau unique de marbre de Thasos sans défaut, dont le grain fin et luisant étincelait au soleil comme l’épiderme des blanches statues frissonnantes dans leur nudité. Une console à crosses, imitant la forme des hautes fougères lydiennes, régnait d’un bout à l’autre sous l’autel, et, entre ces volutes, une fresque avait été peinte, retraçant le plus haut fait d’armes de l’histoire de Syracuse : sa lutte contre les Athéniens au temps où la flotte de Nicias fut mise en déroute par le Spartiate Gylippe dans les eaux de la mer de Sicile. Cette vieille querelle entre les Doriens de Lacédémone et de la Grande Grèce et les Ioniens d’Athènes demeurait encore vivante dans tous les esprits, parce qu’elle était inscrite dans le sang même de ces races jumelles, également jalouses de leur gloire, mais toutes deux si éprises d’héroïque beauté qu’après le combat une strophe d’Euripide, récitée à voix haute, avait fait de nouveau fraterniser et tomber aux bras les uns des autres ces fils d’Hellen ennemis. D’autres images encore,