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les vierges de syracuse

Il s’enhardissait, car à l’accent de la prêtresse il avait compris qu’elle n’avait contre lui aucune colère. Et, tirant de sa poitrine la clef de la ville souterraine que l’Éponyme lui avait remise, il la montra à Praxilla.

— Voyez cette clef, ô Praxilla, c’est le grand-prêtre lui-même qui me l’a confiée, celui qui dispose de nous tous, et dont il est défendu de prononcer même le nom. Sans doute a-t-il eu foi dans ma loyauté. Serez-vous plus sévère que lui, et m’obligerez-vous à vous la rendre ?

Praxilla hésita ; ses regards, invisibles pour Dorcas, s’étaient arrêtés sur lui :

— Non, dit-elle enfin, je ne vous ferai pas cet affront ; moi aussi, je crois à la loyauté de votre cœur ; mais souvenez-vous que nul n’a le droit de chercher à connaître le visage des prêtresses, ni même de toucher à la frange de leur manteau.

Une joie ardente illuminait la face passionnée de Dorcas.

— Zeus m’est témoin, affirma-t-il, que je préférerais mourir cent fois plutôt que de vous offenser.

Et, joignant les mains, il dit encore :

— Mais laissez-moi réchauffer mon âme à la vôtre, ô Praxilla ! J’en ai tant besoin, si vous saviez ! Une lourde charge pèse sur mes épaules ; depuis l’exil du général Himocrate, la garde de la