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les vierges de syracuse

marteau sur l’enclume brûlante de sa poitrine, n’éveillât l’attention des prêtresses. Mais non ; elles passèrent sans se douter qu’un homme était là qui les épiait. Elles conservaient par habitude le rythme égal de leur démarche, et deux à deux s’avançaient tout en échangeant des phrases légères. Démo disait :

— J’ai fait aujourd’hui un vœu à Perséphoneia : c’est de ne jamais tourner les yeux vers la ville quand nous sommes le soir sous le Portique. La ville, c’est la lumière et le bruit, tout le tumulte de notre vie ancienne qui vient expirer au pied de notre solitude.

Et Glaucé, qui marchait à côté de Démo, répondit :

— Moi, j’aime au contraire à comparer ce bruit et ce tumulte lointain avec la douce paix qui règne en mon cœur. Cela me fait chérir encore davantage la Déesse, et je la remercie alors avec plus de ferveur de m’avoir appelée à son service.

La voix de Praxilla s’éleva un peu haute, avec des modulations qui la faisaient semblable aux colonnes doriques du temple, inébranlables dans leur structure, mais qui, cependant, paraissaient flexibles.

— Mes sœurs, prononçait l’hiérophantide, c’est déjà trop de chercher à se réjouir de notre état présent par le souvenir du passé. En prenant le ban-