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les vierges de syracuse

exaltation atteignait au paroxysme et l’image de l’hiérophantide, à chaque détour des rues étroites et blanches, venait d’elle-même se placer devant les yeux de son esprit.

Un jour, cependant, il la vit matériellement et telle qu’elle avait paru devant lui en sortant du temple, fermant la procession des prêtresses. Cette fois encore, elles étaient toutes ensemble, les huit Vierges saintes, se rendant à l’un des autels de Perséphone. Et, bien que leur voile fût resté abaissé sur leur visage, elles causaient entre elles familièrement comme de simples mortelles. Mais le timbre cristallin de leur voix ne semblait point profaner ce lieu sacré ; au contraire, il s’harmonisait avec la clarté pâle et presque lunaire de l’hypogée ; et pareillement, dans le cœur de Dorcas, il résonnait comme une musique délicieuse.

À l’approche des Vierges, l’époux de Fanie n’avait eu que le temps de se dissimuler dans une anfractuosité de la muraille ; de là, il se trouvait à merveille pour voir et entendre sans être aperçu. En toute autre circonstance, il eût éprouvé quelque honte à surprendre ainsi des paroles qui n’étaient pas prononcées pour lui ; mais il n’avait aucun moyen de fuir, et d’ailleurs la joie de se trouver sur le passage de Praxilla anéantissait pour le moment tous ses scrupules. Sa seule crainte était que le bruit de son cœur, battant comme un dur