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les vierges de syracuse

jugement populaire contre lequel aucune loi écrite ne pouvait prévaloir ; et déjà des mains fiévreuses arrachaient des rameaux aux arbres voisins, des huées escortaient le général, le poussaient vers la direction du Timoléontium où se tenait d’habitude l’assemblée du peuple. Himocrate, pris dans ce torrent, ne songeait pas à se défendre. Son regard clair et hautain dédaignait de se poser sur ses insulteurs. Arrivé au Timoléontium, il monta au sommet de la tribune où siégeaient les magistrats amphipoles qui rendaient la justice ; et il dit aux Syracusains, dont la masse noire et grouillante formait une fourmilière à ses pieds :

— Renvoyez-moi dans Carthage, ô peuple de fous, Doriens orgueilleux et insensés ! Renvoyez-moi dans Carthage ! J’en reviendrai le jour où vous ploierez sous le faix de votre gloire inutile ; et l’ardente lueur du Moloch africain s’étendra sur le front de vos Victoires, impuissantes à vous gouverner.