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les vierges de syracuse

dement affermie vaudrait encore de merveilles à la ville.

Quelqu’un dit cependant :

— Ne vous y fiez pas. Si l’osier fleurit, le raisin mûrit, comme dit le proverbe. Le vautour romain rentre ses griffes, mais prenez garde à Carthage. Carthage a des amitiés puissantes jusque dans le palais du roi Hiéron.

Cette insinuation refroidit l’enthousiasme, et pendant quelques instants un silence figea les lèvres de ceux qui étaient là. Puis des murmures se firent jour et le nom du général Himocrate courut de bouche en bouche ; à voix basse d’abord, plus hardiment ensuite, jusqu’à ce qu’enfin les pêcheurs de thon, qui vendaient leur marchandise debout sous un portique, ne se gênèrent pas pour dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas.

— Ce général-là, on le connaît ! N’est-il pas né à Carthage, d’abord, lui ainsi que son frère Épicyde qui est resté là-bas ? Ils ne se font pas faute de s’entendre à distance, et un de ces jours, quand le vieux roi ira régler son compte chez Plouton, ils mettront la ville entre les mains d’Annibal, comme Agrigente y est déjà.

— Qu’est-ce que cela prouve ? dit un vieillard. Si Agrigente est tombée aux mains de Carthage, Camarine n’est-elle pas tombée dans celles des