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les vierges de syracuse

Pendant ce temps, Gullis continuait à pérorer ; elle expliquait à qui voulait le savoir que l’autel, malgré sa grandeur, serait très vite achevé au contraire, et que l’hécatombe ne tarderait pas à y être immolée. Elle en était sûre par cette raison que le roi voulait porter ce jour-là une magnifique couronne qu’il avait commandée depuis longtemps à Orthon. Or, l’orfèvre était loin d’avoir terminé son travail d’art, et il se pressait pour avoir fini la couronne en même temps que les ouvriers auraient achevé l’autel.

— Le pauvre homme ! disait Gullis ; il en perd le boire et le manger depuis que le roi lui a donné l’ordre de livrer promptement ce joyau. Vous auriez peine à le reconnaître ! Lui si gourmand d’habitude. Rien qu’à le voir savourer un bon morceau, c’est à mourir ! il renifle, ses oreilles se dressent, il ne regarde plus personne.

Et la femme de l’orfèvre, dans l’intention sans doute de remettre son époux en humeur de faire bonne chère, choisissait un superbe francolin de Phrygie à l’étalage d’un paysan.

Sur l’immense place, dans les groupes, les commentaires continuaient ; on louait généralement le « bon tyran » d’avoir su profiter si habilement des circonstances pour obtenir l’affranchissement complet de Syracuse, tout en conservant l’alliance de Rome ; et l’on supputait tout ce que cette paix soli-