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les vierges de syracuse

Timoléontium ? Vous vous imaginez peut-être que c’est pour bâtir encore un temple ou un palais, comme il y en a déjà deux cent quarante-huit dans la ville ? À moins que vous ne pensiez que ce soit pour loger les courtisans, ce à quoi ne suffirait point la maison des soixante lits d’Agathocle ? Ni ceci ni cela. Il s’agit simplement d’un autel en plein air que le roi va faire construire pour rendre grâces à Zeus tout puissant d’avoir reconquis enfin la complète indépendance de Syracuse. Mais ce n’est pas tout. Ne vous hâtez pas de crier merveille, comme si vous aviez vu tomber du ciel l’œuf des Tyndarides. L’autel doit avoir un stade de long, et l’on pourra y sacrifier cent cinquante taureaux à la fois.

— Un autel d’un stade de long ! Par Héraclès ! dit un adolescent aux cheveux bouclés, il faudra du temps pour l’établir ! Ce n’est pas demain qu’on verra l’hécatombe des cent cinquante taureaux.

En entendant ce propos, un homme du peuple barbu et noir, qui achetait des olives près de là, haussa les épaules.

— Voyez-vous, le myrmidon ! Ignores-tu donc que Denys l’Ancien fit élever en vingt jours les murailles qui défendent le nord de la ville depuis Tyché jusqu’aux Épipoles ? Il n’en coûte rien aux tyrans de commander, et quand c’est pour le bien de tous on doit avaler sa langue et obéir.