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les vierges de syracuse

thage, a envoyé au Sénat qui siège en ce moment sur le Mont Capitolin une statue de la Victoire tout en or, du poids de trois cent vingt mines. — Qui le saurait si ce n’est celle qui vous parle ? c’est Orthon, mon cher mari, qui l’a exécutée ; — et en même temps il a fait graver sur le socle une inscription que je vais vous dire, si Mnémosyna veut bien me venir en aide : « Que ce don, Pères Conscrits, vous soit d’un heureux présage ! Car, bien que nous soyons persuadés que la grandeur d’âme du peuple romain se fortifie avec l’adversité, nous avons voulu vous offrir cette Victoire, que vous êtes dignes, malgré vos revers, de posséder. Nous vous prions de l’accepter, de la conserver, de la fixer à jamais auprès de vous dans le Capitole… »

Gullis avait débité cette tirade sans emphase et même avec une certaine précipitation, car elle avait encore beaucoup d’autres choses à dire ; on l’applaudit néanmoins frénétiquement, comme si elle y eût mis toute la science déclamatoire d’Ariston, l’acteur préféré des Syracusains. Elle se hâta d’ajouter :

— Vous comprenez qu’après ce cadeau royal les Pères Conscrits ne pouvaient moins faire que de lever toute redevance ; mais ce n’est pas tout : N’avez-vous pas remarqué depuis deux jours les manœuvres des maçons qui vont aux Carrières chercher des matériaux et les rapportent près du