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les vierges de syracuse

peine discernait-on, entre les montagnes immobiles et la mer mouvante, l’échelonnement des toits, interrompus de terrasses et de jardins. C’étaient les Épipoles aux fortes assises, et Tyché que couronnait le Temple de la Fortune, et l’Achradine traversée de rues étroites et de vastes places, au pied de qui l’île d’Aréthuse était couchée dans la paix de son sommeil de vierge. Et sur tout cet amas de pierres et de marbre qui formait la triomphante Syracuse, sur toute cette gloire endormie, veillait seul le Pégase d’or, ses ailes ouvertes dans l’ombre. Et seul, il reluisait, pareil à une constellation éblouissante, alors que tous les autres astres s’étaient obscurcis, que toutes les lumières étaient éteintes. Il veillait sur les deux ports et sur la mer, fils indompté de Poséïdon ; il veillait sur les temples et sur les portiques, sur les palais et sur les masures. Dans le silence de cette obscure nuit d’été, il étendait ses ailes frémissantes, tandis que ses naseaux entr’ouverts respiraient l’haleine des bois lointains, des hautes herbes, des fleurs sauvages. Et Dorcas, avant de regagner sa demeure, salua en lui le frère de son ardente âme dorienne, le symbole sublime de sa Patrie.