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les vierges de syracuse

que les abeilles venaient d’elles-mêmes se ranger autour de lui, et la mousse épaisse de l’arbre où il avait coutume de s’asseoir, les yeux tournés vers la mer de Sicile. « Ô Déesse, dit-il, ton amour vaudrait-il pour moi tant de douceurs ?… »

Fanie, pendant le récit de Dorcas, n’avait pas cessé de sourire.

— Qu’aurais-tu fait, toi ? demanda-t-elle quand il se tut.

— J’aurais fait comme le pasteur Aristée, — répondit Dorcas, — j’aurais préféré suivre la chaste Déesse.

Et il rougit, car le souvenir de Praxilla venait de lui traverser la pensée.

— Vraiment ? Vraiment ? dit Fanie toujours souriante.

Elle le regardait, cherchant à démêler sur ses traits l’énigme qu’elle sentait poindre au fond de lui-même ; mais le soir s’embrunissait déjà, et sur le visage de Dorcas, elle ne voyait plus que les faibles lueurs qu’y promenaient les tamaris remués par la brise.

— Rentrons maintenant, il se fait tard, murmura Dorcas.

Devant eux la ville en effet disparaissait presque sous les larges pans de vapeur bleuâtre qui l’enveloppaient comme une stole aux plis onduleux. À