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les vierges de syracuse

flammes qui les rendaient plus brillantes encore. Elle dit :

— Raconte-moi quelque chose de cet Aristée, cher Dorcas ; je n’en sais presque rien, si ce n’est qu’il a été enlevé de la terre tout vivant, et porté au ciel sur l’aile des muses qui l’avaient nourri.

— Écoute alors, dit Dorcas :

« Le pasteur Aristée conduisait un jour ses troupeaux sur les pentes de l’Eryx, lorsqu’il aperçut devant lui un mendiant qui ramassait des châtaignes aux coques épineuses. Il pressa le pas pour le rejoindre et lorsqu’il fut assez près pour que l’homme en haillons l’entendit, il cria de sa voix de berger, habituée à rassembler les bêtes errantes : « Hé ! l’Ami, ne prenez pas tant de peine ; je vais traire pour vous la plus pesante de mes brebis. » Mais il s’arrêta, car ce mendiant était une femme qui, s’étant retournée, lui apparut tout éblouissante de jeunesse. Et c’était la brillante Cypris, elle-même qui lui souriait entre la double rangée de perles de sa bouche. « Aristée, disait-elle, je t’attendais ; veux-tu laisser là tes troupeaux et le culte de l’ingrate et vagabonde Artémis pour me suivre jusqu’au sommet du mont où se trouve mon temple ? Là je me révélerai à toi dans toute ma beauté. » Mais Aristée refusa de suivre Cypris ; il lui montra de la main la toison blanche de ses moutons, et la syringe dont il tirait des sons si harmonieux