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les vierges de syracuse

la gloire du printemps avant que de mêler leurs lèvres. Fanie le sentait assurément, car elle dit à Dorcas :

— Je ne crois pas qu’il y ait dans aucune vallée de la terre un autre endroit aussi fortuné. C’est sans doute qu’ailleurs on ne sait pas aussi bien qu’ici rendre grâces à l’aimable fille de Déméter, n’est-ce pas, cher Dorcas ?

— Tu dis vrai, fit Dorcas ; la triple Déesse se plaît à combler de ses dons cette terre privilégiée d’où s’élèvent vers elle des adorations si ferventes.

Il était devenu songeur et ses yeux s’étaient attachés sur le Portique de la fontaine Aréthuse où se profilaient mystérieusement les formes blanches des Vierges. Fanie reprit de sa voix chantante :

— Là-bas, regarde, tout au bout du Plemmyrium, ces deux amants tendrement enlacés. Penses-tu qu’ils s’aiment mieux que nous, Dorcas ?

Et tout de suite, sans lui laisser le temps de répondre, elle ajouta :

— J’entends le grillon qui ronfle dans l’herbe. C’est signe que quelque pensée indiscrète rôde autour de notre bonheur. Cher Dorcas, éloignons-nous, allons de l’autre côté de l’île où croissent les tamaris ; je voudrais que sur toute la surface de la terre il n’y eût pas une seule voix autre que la tienne pour m’enchanter.

Ils se levèrent et gagnèrent l’endroit que