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les vierges de syracuse

se rythmer au sien, elle trouvait toujours la même beauté aux nuances infinies du paysage. En route Fanie dit d’une voix tremblante :

— Je voudrais te demander quelque chose, cher Dorcas ; est-il vrai que les serments échangés en face de la mer bleue, où vivent les dauphins amis des hommes, aient une importance telle que rien au monde ne peut les faire oublier ?

— On le dit, répliqua Dorcas, et je suis bien près de le croire. La mer n’est-elle pas, en effet, comme le grand miroir de notre vie, où se reflète l’image de nos joies et de nos douleurs : et si nous trahissons un serment échangé en prenant à témoins ses ondes, ne peut-elle pas nous en punir à son gré ?

— Eh bien ! cher Dorcas, jure-moi que, comme tu m’aimes aujourd’hui, tu m’aimeras jusqu’à la fin de tes jours.

Ils étaient arrivés au pied d’un rocher en forme de gradin sur lequel ils s’assirent ; et Dorcas tourna ses yeux émus vers Fanie, qui le regardait anxieusement.

— Oui, je t’aime, chère petite épouse, petite lumière de ma vie. Comment ne t’aimerais-je pas ? Tu es le vase fragile et pur où j’ai déposé toutes mes tendresses : et jamais depuis six ans que l’Hymen a uni nos mains, tu ne m’as infligé la moindre peine.