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le colosse de rhodes

du mont Atabyrion. Sa robe était d’un jaune fauve que pas une tache n’interrompait, et ses lourds fanons autour de sa tête puissante formaient un collier plus sombre. Quand on le vit descendre les marches du temple, conduit par deux jeunes dadophores dont l’un portait un flambeau levé, l’autre, une torche inclinée vers la terre, — symbole de la vie et de la mort, — ce fut un transport unanime. Et des bras se tendaient vers lui, et des paroles d’amour lui étaient adressées par des lèvres idolâtres ; mais la bête magnifique et dédaigneuse gardait la même démarche pesante et tenait ses regards pleins d’infini fixés sur les campagnes lointaines. Une gerbe d’épis était attachée à sa queue ; des pavots s’écrasaient autour de ses reins. Il allait au sacrifice avec l’orgueil d’un héros qui donne son sang pour la multitude.

Le cortège grossissait à chaque minute ; on traversait le quartier des Hôtelleries qui bordaient le Grand Port ; au-delà, sur une voie plus déserte, il y avait une rangée de mûriers sauvages, et une petite fontaine dont l’eau retombait dans une vasque de pierre bleue. C’était là, sous l’ombrage épais