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le colosse de rhodes

— Une vierge qui va à son premier rendez-vous d’amour, dit l’un d’eux.

— Oui, répondit un autre, et celui qui l’attend ne regrettera point de s’être levé avant le jour.

Ils rirent avec cette indulgence complice des hommes pour les faiblesses de leurs semblables. Mais Lyssa ne les entendit point. Elle venait d’apercevoir Likès qui contournait le rivage. Il avait dû quitter l’Arsenal à la hâte et traverser rapidement l’Étable et le Grand Port, car ses vêtements flottaient autour de ses reins, et sa belle tête pensive n’avait pas reçu les onctions d’huile d’aneth qui en augmentaient la caractéristique douceur. Tel, il semblait plus vivant et plus près de la nature ; et Lyssa se réjouit intérieurement qu’il fût comme ces matelots à la peau cuivrée et nue qui la regardaient passer tout à l’heure. Elle-même n’avait surchargé son visage d’aucun fard. Elle avançait dans la brise matinale, s’offrant toute aux désirs d’amour qui planaient sur elle.

Ils s’étaient reconnus et se souriaient déjà. La même pensée sans doute les avait