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le colosse de rhodes

nue bleue et dure qui s’ouvrait parfois pour donner passage à d’autres étoiles.

Et Stasippe ne se lassait pas de contempler ces soleils sans nombre. Ses yeux, exercés à les suivre, en mesuraient les moindres vicissitudes. Cette nuit, leur beauté était vraiment incomparable. Pas une parcelle d’or ne manquait dans le fourmillement radieux qui se reflétait sur la mer. Le disque de Jupiter, rayé de bandes claires et sombres, semblait une épée à double tranchant au-dessus de l’Aleïon ; il signifiait l’abondance et la richesse pour l’île heureuse endormie dans les fleurs roses de ses lauriers.

Un pas incertain montait les degrés de la tour. Stasippe, arraché à sa contemplation, se retourna et vit Likès qui venait à lui. Les deux hommes autrefois avaient fréquenté la célèbre école où Apollonius enseignait la philosophie, les mathématiques, la physique et l’astronomie ; puis ils avaient suivi des voies différentes : Stasippe était entré dans le sacerdoce, et Likès s’était tourné vers les réalités pratiques de la science. Depuis cinq années ils ne s’étaient rejoints qu’à de