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le colosse de rhodes

tude commune aux habitants de l’ancienne capitale de l’île, de porter les cheveux longs et bouclés. Son visage était d’une beauté tout orientale. La finesse de ses traits leur donnait une suavité féminine, et ses yeux bruns aux cils recourbés avaient la langueur de ceux d’une vierge. Et cela contrastait avec l’énergie de son maintien et de son geste. Il avait le parler bref, la voix nettement timbrée. Lorsqu’il descendit sur le quai étroit, les ouvriers, jeunes et vieux, le regardèrent avec un respect mêlé de crainte.

Il passa sans s’occuper d’eux ; ce qu’il voulait voir, c’était, dans les bassins intérieurs, les embarcations achevées, prêtes à prendre la mer. Il examina leurs rostres ferrés, leurs carènes ceinturonnées de cuivre. Les unes étaient à trois rangs, les autres à cinq rangs ; d’autres enfin, à douze rangs de rameurs. Mais les plus grandes paraissaient encore si souples et si légères qu’un homme vigoureux eût pu les emporter sur ses épaules. Et c’étaient ces joujoux fragiles qui allaient se mesurer aux longs pentécontores de Philippe, aux lourdes ga-