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le colosse de rhodes

Plus haute que la Babel des anciens Juifs, plus haute que la montagne où Sémiramis avait fait découper son profil altier, elle évoquait le dieu Zodiacal qui règne sur la terre et dans l’espace.

Le Colosse semblait conscient de son triomphe ; un oiseau posé sur sa joue chantait éperdument, comme sur l’arbre le plus élevé des forêts. Et ce gazouillement léger, aérien, était le seul bruit que l’on entendit à cette heure nocturne. Dans les ports, sur les vagues effacées, les vaisseaux avaient replié leurs voiles autour des mâts qui semblaient des quenouilles étroites. Et, malgré les proportions énormes de ses maisons et de ses tours, la ville paraissait petite ; elle montait à peine aux chevilles de son Hercule ; la terrasse de l’Aleïon, assise sur le dernier étage du Temple, n’atteignait pas les genoux arqués du dieu. Et, lui, grandissait encore dans l’obscurité de cette nuit sans étoiles. Il grandissait jusqu’à toucher de son front la nue ; les poètes l’avaient chanté ; les hommes de toutes les races l’avaient proclamé la plus éclatante des merveilles du monde. Cependant une