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le colosse de rhodes

Likès était élu, on allait le chercher pour l’installer dans ses nouvelles fonctions. Le navarque marchait le premier ; solennel, il avançait au milieu de la chaussée ; et, ayant rencontré des yeux la veuve d’Isanor, penchée et toute tendue dans ses voiles, il lui fit de la main un grand signe qui était à la fois un salut et l’annonce que ses vœux étaient exaucés. Alors, elle quitta la fenêtre ; elle redescendit dans les salles de réception du palais.

— Vite ! Vite ! dit-elle à Machaon. Vite ! Vite ! Que l’on prépare tout pour recevoir le nouveau chef. Que l’on allume les candélabres et que les musiques se disposent à jouer les hymnes de fête. Voici mon époux qui vient ! Voici celui que j’ai choisi et sur lequel s’appuiera ma droite.

Le lyrisme du cantique remontait à ses lèvres ardentes ; puis, rompue, elle s’affaissa sur un coussin et pleura des larmes d’ivresse et de joie.

La nuit était venue. Tout reposait maintenant dans la ville. Le Colosse seul semblait veiller ; son image formidable remplissait l’ombre ; elle barrait le ciel et la mer.