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le colosse de rhodes

l’île du Soleil ! Parmi les trois mille édifices de Rhodes, il en était un qu’on appelait « l’Inaccessible » ; c’était le trophée de marbre et d’airain qu’Artémise avait élevé près de la Deigma pour rappeler son entrée victorieuse dans la ville, et qu’on avait entouré d’un double portique afin de le dissimuler aux regards des étrangers. La foule courut là, brisa à coup de hache le trophée, le réduisit en miettes et jeta des branches de térébinthe sur ces débris. Bientôt une flamme énorme s’éleva ; le feu achevait de détruire ce souvenir exécré. La Carie maintenant devenait l’esclave de Rhodes et c’était dans Rhodes que les richesses d’Halicarnasse allaient passer !

Les flammes hautes, que la fusion du bronze verdissait, se tordaient en spirales vers le ciel. Autour, la foule continuait à pousser des clameurs formidables. Mais Namourah ne regardait plus de ce côté ; elle venait d’apercevoir le collège des mastères qui se dirigeait vers l’Arsenal ; et son cœur se mit à battre si violemment dans sa poitrine qu’elle fut obligée de s’accrocher à la rampe orfévrée de la fenêtre. Nul doute,