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le colosse de rhodes

tiques que les deux jeunes Romains, avant d’être à l’âge des combats, avaient rencontré un jour dans une bourgade obscure du Latium une femme au visage de Sibylle qui leur avait prédit leur destin : « Toi, avait-elle dit à Publius, tu seras comblé de gloire et d’honneurs ; tu passeras les mers et tu seras appelé l’Africain. — Et toi, avait-elle dit à Lucius, tu jouiras d’une gloire égale ; je vois aussi l’aigle briller entre tes sourcils : l’Asiatique sera ton surnom. »

Cette double prédiction s’était réalisée ; la force des Scipion couvrait maintenant le monde ; l’Afrique et l’Asie avaient reçu l’empreinte de leur talon invincible : et, à leur suite, les légions avaient accompli des prodiges. Antiochus dans le combat de Magnésia avait perdu cinquante mille hommes, alors que cinq mille Romains seulement étaient restés sur le champ de bataille. Et la Phrygie, la Carie, la Lycie et le Chersonèse devenaient la proie du vainqueur. Quelle serait la part de Rhodes dans cette abondante conquête ? C’était elle qui avait facilité à Rome le chemin des mers, et jamais