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le colosse de rhodes

rose des feux de l’aurore, était pleine de frémissements. Elles s’assirent au pied d’une colonne et fixèrent leurs yeux passionnés sur l’horizon.

Dornis était inquiète et n’osait plus reprendre l’entretien commencé. Mais Lyssa, dont le cœur battait trop vite et qui se sentait ce matin prise d’une angoisse étrange, ne tarda pas à soupirer de nouveau. La fièvre brûlait ses traits ardents. Son corps menu, qui était à peine celui d’une femme, se ramassa dans un pelotonnement frileux. Et ses doigts blancs, dont les ongles semblaient des pierres précieuses, se nouèrent dans un geste désolé :

— Pourquoi ne veux-tu pas, Dornis, descendre avec moi sur le rivage ? Je te raconterais des souvenirs qui me montent en foule sur les lèvres, ce matin. Oh ! ce serait bon de causer ailleurs que dans ce temple où tous les murs, tous les portiques sont imprégnés de l’odeur des aromates, et où toutes les paroles prennent un sens mystérieux et terrible. N’as-tu pas, toi aussi, Dornis, besoin de t’épancher dans un cœur ami, et ne regrettes-tu pas le passé ?