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le colosse de rhodes

devant elle, implorant son pardon ; et d’avance elle lui pardonnait, dans un grand élan magnanime, tout ce qu’elle avait souffert à cause de lui.

Comme cette journée était longue ! Le soleil dorait toujours l’horizon. Et la ville du haut de la terrasse paraissait toujours entièrement déserte. Les effigies de marbre, innombrables sous les portiques, les cent statues du Soleil dressées aux angles des carrefours, semblaient seules la peupler. Cependant des enfants jouaient aux dés à l’ombre triangulaire du Temple. Ils consultaient la chance, le destin, sur ces fragiles cubes d’ivoire. Et Lyssa se disait que c’était aussi sur un coup de dés qu’elle allait jouer sa vie tout à l’heure et qu’un hasard heureux ou malheureux allait décider de son sort, si elle ne parvenait à rejoindre Likès, ou s’il ne voulait plus la reconnaître…

Alors une grande tristesse s’empara d’elle. Elle s’assit et pleura. Ce n’était pas les mêmes pleurs qu’elle avait versés si souvent en pensant à celui qu’elle aimait ; c’était d’autres larmes, plus salées, plus amères qui montaient des ondes remuées de