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le colosse de rhodes

Avant de connaître l’amour, mon cœur était limpide et bleu comme le sont le ciel et la mer quand il ne passe aucun nuage ; mais maintenant il est semblable à ces grands espaces embrasés.

— Quel est le nom de celui que tu aimes ? demanda Namourah subitement intéressée.

— Je te le dirai tout à l’heure. Il faut d’abord que tu entendes ce qu’il a été pour moi. Jamais aucun homme n’a donné à une femme une félicité semblable. Nous nous sommes unis sans presque nous connaître, et, comme si le sort nous avait fatalement jetés dans les bras l’un de l’autre. Et tout de suite nous avons senti qu’en nous appartenant nous obéissions à une loi inéluctable. Ce grand bonheur a duré tout le cycle d’une année. Un an ! pendant lequel nous avons couru de joie en joie, d’ivresse en ivresse. Mais tout à coup, et sans que rien ait pu me le faire prévoir, un changement s’est opéré dans l’esprit de mon amant. Au lieu d’être le premier à nos rendez-vous, il n’arrivait plus que le dernier ; il y apportait un front soucieux, des préoccupations étran-