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le colosse de rhodes

en bois de santal et de cèdre. C’était là que Salomon, affolé de voluptés et de richesses, était venu chercher de nouvelles sources de gloire. Ses flottes, unies à celles d’Hiram, avaient entrepris le grand périple d’Ophir et fait le tour des Occidents. On gardait encore dans les Archives du palais le livre de bord des marins qui jour par jour avaient noté leurs conquêtes. « Tes sages, ô Tyr, sont devenus tes pilotes ; les vaisseaux de Tarse servent à tes courses en mer ; les habitants d’Arouad et de Sidon ont été tes rameurs. — Ô Tyr ! Tes navigateurs ont touché à tous les bords… » Le lyrisme du prophète hébreu revenait aux lèvres de Namourah ; en phrases magnifiques, elle redisait à son amant tout ce qu’elle savait des merveilles de cette cité incomparable ; dans ce palais même on respirait les odeurs de ce luxe ancien où s’infiltrait tout l’Orient ; les boiseries en buis de Cypre, découpées et incrustées d’ivoire, revêtaient les murs du haut en bas ; et le parfum des roses séchées, parfum triste et doux, évocateur des voluptés mortes, restait attaché à ces lambris.