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le colosse de rhodes

— Crois-moi, reprit Dornis avec énergie, cet ingrat, tu dois l’oublier. Il n’est pas digne de ton affection. Tu souffres, tu laisses la flamme de ta vie diminuer en toi. Quand l’amour devient une torture, il faut le chasser impitoyablement de notre cœur.

— Hélas ! soupira Lyssa, chasse-t-on le poison qui s’est glissé dans nos veines et dans nos entrailles ? Est-on maître de changer les atomes de son sang ? Quand même celui que tu appelles un ingrat cesserait de m’aimer, moi, je continuerais toujours à le chérir, sinon dans ma volonté, du moins dans ma chair. Il a fait de moi son esclave.

— Pauvre petite ! fit Dornis. Tu es plus atteinte que je ne le croyais.

Elle réfléchit un instant ; puis elle reprit avec tristesse :

— J’ai été coupable de ne pas chercher à te retenir dès le premier jour sur cette pente dangereuse. J’aurais dû te mettre en garde contre ta propre faiblesse. Au lieu de cela, je me réjouissais de te savoir aimée. Je me disais : « Elle qui n’a jamais connu le plaisir, elle qui n’a pas eu d’autres caresses que les embrassements d’un frère,