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le colosse de rhodes

nouveau leurs lèvres se mêleraient, leurs poitrines s’appuieraient l’une à l’autre ; — et ils oublieraient tous les obstacles que la vie mauvaise suscitait contre leur bonheur.

Lyssa regardait le soleil allumer des flammes aux touffes luisantes des verveines. Elles brillaient comme les lampes percées de trous nombreux que des mains pieuses déposent sur les tombeaux. Autour, la terre desséchée semblait aussi dure que la pierre. Pourtant les plantes ne s’arrêtaient pas dans leur floraison ; toujours elles continuaient à émettre les corolles dont les nuances vives réjouissaient les regards. L’esprit de la nature était en elles, cet esprit dont Lyssa, par la bouche de Praxitas, avait appris l’intarissable puissance. Certes, les secrets de l’antique Isis étaient plus consolants et plus doux que ceux de l’Hercule phénicien qui avait asservi l’île à son joug. Lyssa regrettait de n’être pas venue au monde dans le temps que fleurissait la loi maternelle de la Déesse. Peut-être alors l’amour, au lieu de brûler son cœur d’une aussi âpre morsure,