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le colosse de rhodes

leur amour, comme une flamme ardente, était monté à son apogée. Depuis, ils avaient eu beau s’aimer et s’étreindre, jamais ils n’avaient retrouvé ce frémissement, cette extase ou cette folie, qui les avaient rendus pareils à des Dieux… Aujourd’hui elle allait franchir seule le péribole sacré et pénétrer dans le sanctuaire. Elle se souvenait, elle se souvenait… et des larmes brûlantes jaillirent brusquement de ses yeux.

Pareil à un hypogée, l’intérieur du temple était silencieux et vide ; les autels de marbre bleu semblaient des stèles funèbres ; mais un frais bouquet d’euphorbes, jeté sur le parvis, témoignait que quelque adorateur était venu. Ce ne pouvait être que Praxitas ; — et Lyssa sentit renaître ses espérances. Elle s’agenouilla et pria ; un seul nom vint sur ses lèvres ; elle le répéta avec angoisse, avec frénésie, jusqu’à ce que, épuisée, elle se fût endormie auprès des euphorbes au tiède parfum. La fatigue de la route, l’ébranlement de ses nerfs l’avaient livrée au sommeil. Elle reposait sans inquiétude, dans la grande paix qui découlait de ces voûtes millénaires. Quelque temps après,