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II

Pendant que la ville, exaltée d’un frémissement d’orgueil, prolongeait dans la nuit son glorieux anniversaire, au temple d’Hercule dans le secret de l’Aleïon, les Veuves-gardiennes entretenaient le feu perpétuel du dieu. Deux d’entre elles veillaient devant le trépied profond où tour à tour elles jetaient des grains d’encens et des baies de myrtes. C’étaient deux jeunes femmes d’origine étrangère : l’une venait de Crète et l’autre d’Halicarnasse en Carie. Vêtues de la robe soyeuse qui dessinait les contours harmonieux de leurs corps, les cheveux enfermés dans une résille d’or fin, et les yeux cernés de poudre violette, elles restaient en face l’une de l’autre recueillies et immobiles. Les bruits du dehors montaient jusqu’à la pointe extrême