Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/247

Cette page a été validée par deux contributeurs.
237
le colosse de rhodes

filles, fuyant l’Égypte, étaient venus apporter les doctrines impénétrables de Saïs et que, montant sur la colline, ils avaient offert à la Déesse de la Nature le premier sacrifice sans feu qui ait jamais été fait dans cette contrée ? N’était-ce pas là encore que, mieux que dans nul autre lieu du monde, la Sagesse antique, cette Sagesse qui filtrait à travers des arcanes profondes, avait été pratiquée secrètement par une élite au cœur pur ? Lyssa se réjouissait de fortifier son âme à cette source sacrée ; elle se disait avec orgueil que son amant au retour la trouverait plus digne de ses embrassements. Puis elle rougissait en se souvenant tout à coup que Likès l’avait présentée comme son épouse au vieil artiste qui leur avait cédé sa couche. Qu’allait-elle lui raconter maintenant ? Et de quel front oserait-elle l’aborder ?

La ville cependant se faisait proche. L’ancien théâtre en ruines étalait ses gradins jusqu’à la mer. De grands oiseaux au plumage noir et lisse décrivaient des circuits à travers l’arène où poussaient des fleurs sauvages. Et, à certaines places, les dalles