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le colosse de rhodes

rencontrait Likès attablé à sa place familière, elle verserait elle-même le vin dans la coupe et la viderait jusqu’à la dernière goutte en l’honneur de son récent triomphe.

Mais Likès n’était pas encore là. Alors elle retourna dans le Port des Parfums. Il faisait doux ; la brise tiède avait le goût d’un fruit dont le soleil a fait éclater la pulpe ; — et tous ces arômes qui flottaient dans l’air ! Sur le sable, des caisses entr’ouvertes gisaient, pleines de baumes et d’essences. Les matelots, avec leurs fortes mains calleuses, exhalaient eux-mêmes une odeur de benjoin et de myrrhe. Lyssa se mit à l’écart et attendit.

Bientôt elle vit arriver Likès. Il marchait, la tête baissée, appesanti par des réflexions profondes. Ce n’était pas ainsi qu’elle s’était figuré l’apercevoir. Elle le trouva subitement changé. Il avait l’air maintenant d’un homme extrêmement sérieux, il ressemblait presque à son frère Alexios ! Pourtant leur dernier entretien datait de dix jours à peine ! À quoi pouvait songer le jeune mastère ? Sans doute aux graves événements qui se déroulaient… Lyssa eut envie de se dissimu-