Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
le colosse de rhodes

lieu de traverser l’Arsenal, il sortit et côtoya les bâtiments jusqu’à la mer. Il réfléchissait à l’ambition constamment en éveil d’Alexios, à sa volonté toujours tendue vers le succès, et, en se comparant à lui, il se trouvait léger et faible ; un peu de honte lui venait de ne pas mieux mettre en valeur les dons qu’il avait lui-même reçus de la nature, et de ne pas employer tout son cœur, toute son énergie à devenir véritablement un homme. Au lieu de cela il s’usait dans les jeux puérils d’un amour qui ne pouvait que gêner et entraver sa vie. Alexios, lui, était marié, il avait fondé une famille. Cinq enfants, robustes et beaux, grandissaient autour de sa tête. Il les aimait. C’était pour eux qu’il travaillait, ainsi que pour l’épouse tranquille et forte qui veillait sur les lares de la maison. Et les autres jeunes gens de sa génération avaient tous aussi créé un foyer. À part Stasippe, qui s’était voué au sacerdoce, tous ses compagnons d’école, tous ceux qui avaient suivi comme lui les leçons des maîtres rhodiens, étaient des maris et des pères, et voyaient devant eux leur existence prolongée par leurs fils. Lui