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le colosse de rhodes

— Auraient-elles le droit d’avoir un amant et de le recevoir dans le temple ?

Le Père des Pères avait pâli ; il sentait, sous cette insinuation, sourdre une vengeance de femme. Cependant il composa son visage, en voyant les prunelles enflammées de Namourah dardées sur lui :

— À laquelle des prêtresses fais-tu allusion ? Quelle preuve peux-tu me donner de sa faute ? Si tu sais quelque chose de certain, parle ; autrement, tais-toi.

— Ne te fâche pas, Stasippe, et n’oublie pas que je suis venue ici en amie. La délation n’est pas sur mes lèvres, ni la perfidie dans mon cœur. Je t’avertis seulement de veiller ; l’honneur du culte d’Héraclès en dépend.

Elle s’était levée hautaine, presque farouche. Le pontife n’insista pas davantage. Il se contenta de dire, d’un ton apaisé :

— S’il est vrai qu’une des Veuves-gardiennes a failli à son devoir, le ciel se chargera de la punir. Je te remercie, Adonaïa. — Veux-tu pénétrer dans le sanctuaire ?

— Non, dit-elle. Il se fait tard. Isanor doit s’étonner de ma longue absence.