Page:Bertheroy - Le Colosse de Rhodes.pdf/209

Cette page a été validée par deux contributeurs.
199
le colosse de rhodes

Satyre y est encore, mais il y a longtemps que la perdrix a disparu. Elle était tellement palpitante, et l’imitation de la nature y était rendue d’une façon si parfaite que tous ceux qui entraient dans l’Aleïon négligeaient de regarder la figure principale du tableau. Il y avait même des gens qui cachaient sous leurs vêtements des perdrix vivantes qu’ils approchaient de l’autre, et qui aussitôt se mettaient à chanter. Protogène, l’ayant appris, en fut humilié dans son orgueil d’artiste. Il vint trouver les intendants du temple et leur demanda la permission d’effacer de son tableau cette perdrix qui faisait oublier tout le reste.

— On a eu tort d’y consentir, déclara Namourah. C’est regrettable. Le peuple va d’instinct à ce qui est vrai ; et Protogène, loin de s’offenser d’un tel succès, aurait dû être le premier à s’en réjouir. Mais il faut reconnaître que le Satyre est merveilleux. Quelle grâce ! quelle souplesse ! Ne dirait-on pas que lui aussi est vivant ?

Elle s’extasiait devant les membres nus du demi-dieu des forêts, et ses regards s’attachaient à lui avec une complaisance sensuelle.