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le colosse de rhodes

moment plongée dans ses réflexions. Elle songeait à conquérir Stasippe, non point certes pour l’inciter au péché, mais uniquement pour faire plier cette volonté sous la sienne. Elle savait que les hommes réputés les plus vertueux ne sont pas insensibles à la grâce séductrice des femmes, et que, même d’esprit à esprit, il y a des coquetteries nécessaires. Et elle préparait ses armes comme un soldat qui va livrer une bataille décisive. Quelle force pour elle, si elle parvenait à mettre dans son jeu le pontife suprême de l’Aleïon !

Elle se coucha, et craignit de ne point reposer. Alors elle appela deux des jeunes psaltéristes qui avaient coutume de jouer de la harpe devant elle :

— Endormez-moi comme une enfant ; bercez-moi de vos chants les plus doux. Et ne me quittez que lorsque vous verrez mes yeux appesantis, et que vous entendrez mon souffle devenir égal dans mon sein.

Les deux jeunes filles étaient habituées aux caprices de leur maîtresse ; elles s’interrogèrent du regard et, s’étant comprises, elles commencèrent l’hymne du Sommeil :