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le colosse de rhodes

meaux pour porter les blocs de pierre qui comblaient les cavernes de ses membres, et que le bronze qui le vêtait avait coûté à lui seul trois cents talents. L’orgueil des Rhodiens était satisfait. Ils posséderaient désormais le signe ostensible de leur puissance. Et les vieux Géants du mont Atabyrion devaient se réjouir dans leurs tombeaux.

En ce moment, sous le Colosse, la foule rapetissée et fourmillante circulait. Il y avait des hommes de tous les pays mêlés aux habitants de Rhodes, et les trois races se coudoyaient dans l’île devenue le centre du monde. Les faces noires, les faces cuivrées, les faces jaunes avaient le même sourire de ravissement. Les Crétois, qui tour à tour avaient été les maîtres et les esclaves de leurs voisins redoutables, se promenaient sous leurs aigrettes multicolores ; des Égyptiens passaient les joues frottées de carmin ; et les Chanéens maritimes, les Sémites, et les Sidoniens étaient descendus de la chaîne du Liban et avaient quitté pour cette rive hospitalière leur côte