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le colosse de rhodes

atteint le bout du jardin, elle prit congé du pontife. Lyssa, en se penchant, vit s’avancer la litière qui allait l’emporter. Deux Libyens au torse nu l’enlevèrent aussi aisément que si elle n’eût pas pesé plus d’une obole.

Stasippe retraversa seul le jardin. Son front était soucieux. L’ombre du soir s’était répandue sur les fleurs, et l’agonie du soleil commençait derrière la haute terrasse du temple. Il passa tout près du pavillon, les yeux baissés, recueilli dans une pensée profonde. Puis il disparut dans les galeries de l’Aleïon. Alors Lyssa, qui avait eu grand’peur, se mit à interroger fiévreusement Likès :

— Elle est juive, n’est-ce pas ? Qu’est-elle venue faire dans le temple ?

— Je n’en sais rien, dit Likès.

Mais, ne voulant pas laisser voir son inquiétude, il reprit :

— Peut-être avait-elle quelque chose à demander au Père des Pères. Peut-être lui a-t-elle apporté quelque don ? Elle est riche et généreuse, et elle aime à répandre ses bienfaits sur toute la cité.