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le colosse de rhodes

Quelle était-elle, cette rivale qui les empêchait de s’unir ? Namourah crispait ses poings et tremblait. La curiosité, la jalousie, ces deux compagnes inséparables de l’amour, la transperçaient de leurs dards aigus ; elle portait ses mains sur sa poitrine pour étouffer cette douleur lancinante. Elle avait envie de tuer, de mordre jusqu’au sang une créature humaine. Elle devenait féroce ; puis elle se mettait à pleurer comme un enfant.

Car elle avait dit vrai à Likès : jamais un homme ne l’avait à ce point occupée et affolée. Était-ce seulement parce qu’il était beau et dans l’étincelante fleur de sa jeunesse ? Non, pas cela seulement. Elle l’aimait, non pas uniquement pour sa beauté, mais aussi, mais surtout parce qu’elle pressentait en lui un incomparable amant, ardent et tendre, impérieux et sensible. Que de fois elle avait été déçue dans ses caprices ! Le dernier lui avait laissé au cœur un dégoût qu’elle avait hâte d’oublier. Elle s’était donnée sans sincérité, sans élan, presque sans plaisir, Likès effacerait d’elle ce souvenir amer. Likès serait le feu